Le club de plongée Subaquatiques Passions Holtzheim a inauguré ses nouveaux locaux le 20 octobre dernier en compagnie de Madame le Maire et ses conseillers municipaux. Nous sommes allés à la rencontre de sa présidente Magali Frey quelques jours plus tard afin d’en apprendre davantage sur son association.
Bonjour Magali ! Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Magali Frey, présidente du club de plongée, monitrice fédérale second degré et formatrice de cadre.
Pouvez-vous nous présenter votre association et son historique ?
Notre association a 46 ans, du coup je ne saurai pas tout vous dire dans le détail vu que je n’ai pas cette âge là ! (Rires.) Néanmoins, il y a des fondateurs, qui s’occupent aujourd’hui du matériel comme Jean-Louis Baron, qui est moniteur fédéral premier degré et qui m’a tout de même un peu raconté. Notre club a toujours été une association qui faisait partie de l’Université de Strasbourg. Elle est ensuite devenue indépendante. Nous avons été dans les locaux de l’Université pendant 45 ans. Malheureusement, ces locaux qui ont un certain âge vont être réhabilités. Ils ont « relogé » les autres associations mais pas la nôtre. C’était un peu triste, car on était toujours entre 90 et 120 membres. Je pensais que ça allait être un passage difficile pour les personnes qui étaient là depuis le début comme Jean-Louis.
Je me suis dit « Tant pis, on va aller de l’avant, on ne va pas laisser tomber nos membres et on va trouver autre chose ». Quand j’ai retrouvé un local ici à Holtzheim, j’étais très contente, mais je me suis quand même demandée comment les anciens allaient le prendre. Au final tout s’est bien passé. Ils m’ont dit « C’est la vie, c’est comme ça. Nous ce qu’on veut c’est partager notre passion de la plongée, et tant qu’on trouve un endroit où l’on peut continuer à fédérer du monde, c’est le principal !».
On a donc déménagé ici et tout le monde est content ! En plus, on est à trois minutes de la Gravière. Du coup, même si le plus étourdi de nos membres oubli un gilet, on peut faire l’aller-retour. Alors qu’avant, comme nous étions en centre-ville, on mettait bien trente ou quarante minutes.
D’où vous est venue la passion de la plongée ?
C’était il y a une quinzaine d’années. Nous étions partis en voyage en Crète avec mon mari et nous avons décidé de faire un baptême de plongée. On en a donc fait un en piscine, mais celui-ci ne m’avait pas beaucoup plu car la formatrice me tenait la tête sous l’eau et je n’arrivais pas bien à respirer. Mon mari lui avait adoré. La formatrice nous a ensuite proposé de faire un autre baptême le lendemain, en mer cette fois-ci. Je n’étais pas très motivée, mais au final ça s’est super bien passé.
J’ai toujours fait de la natation, j’ai toujours aimé l’eau mais je m’étais toujours dit que la plongée était un sport peu accessible car je pensais que c’était très cher alors que pas du tout. Quand nous sommes revenus de vacances, nous avons essayé de voir s’il y avait de la plongée en Alsace et on a trouvé ce club à l’Université où l’on travaillait. C’est comme ça que tout a commencé et je suis toujours aussi passionnée. En fait, je suis toujours autant passionnée par la plongée que par le fait de transmettre ma passion et d’enseigner. Faire découvrir le milieu marin à un baptisé, c’est la chose la plus agréable pour un moniteur.
Vous faisiez donc parti de l’Université avant, vous aviez notamment un partenariat avec le CNRS…
Effectivement. Par contre notre partenariat avec l’Université est fini. Le CNRS continue à subventionner mais par rapport au quotient familial. Cela dit, même une petite participation, c’est déjà ça.
On a une cotisation à hauteur de 180€ pour toute l’année, pour toutes les plongées. Nous avons tout inclus dans la cotisation, le prix de la piscine, le prix de la gravière du fort et le prêt de tout le matériel très bien entretenu. Nous payons les piscines comme la fosse de plongée à Schiltigheim que l’on utilise notamment pour les formations, ainsi que la piscine de la Hardt à Illkirch. Au total, cela nous revient à environ 4000€ à l’année, plus les 3000€ environ de la Gravière du Fort. Après il y a l’entretien du matériel, son renouvellement, les locaux, …
Quels types d’activités proposez-vous au sein de votre association ?
On fait principalement de la technique, c’est-à-dire du scaphandre avec bouteille sur le dos que l’on propose pour tous les niveaux. On fait aussi beaucoup d’apnée. On a la chance d’avoir des moniteurs fédéraux apnée, ce qui nous permet de proposer ces cours à des niveaux assez avancés. On propose également de la nage avec palmes en piscine ainsi que dans toutes les gravières, notamment en Allemagne, afin de diversifier. On est 90% du temps à la Gravière du Fort car elle est équipée pour les plongeurs. Elle a une super visibilité, une faune et flore magnifique, c’est pourquoi nous allons beaucoup là-bas. Mais de temps en temps, pour travailler l’autonomie par exemple, les élèves doivent savoir s’orienter. Et si l’on va toujours dans la même gravière, ils ne sauront pas s’orienter, ils l’auront simplement apprise par cœur !
Pourquoi être venu installer votre association à Holtzheim ? Sa proximité avec la Gravière du Fort doit y être pour quelque chose…
J’ai démarché plusieurs communes, à savoir celles proches de la Gravière du Fort. J’ai eu quelques retours positifs, on nous a proposé des locaux, mais ceux-ci n’étaient pas du tout adapté à ce que l’on souhaitait faire, à savoir un lieu de stockage propre, avec des prises d’airs,… La commune de Holtzheim et Madame le Maire ne nous ont pas fermé les portes. On a échangé avec elle et on s’est rencontré plusieurs fois afin de lui montrer comme on fonctionnait. On s’est parfaitement compris puisqu’ils ont une équipe dynamique comme nous. Voilà pourquoi Holtzheim : pour sa proximité avec la Gravière du Fort, mais aussi pour le dynamisme de la commune. Je me suis tout de suite sentie à l’aise avec l’équipe municipale et dans ces locaux qui sont parfaitement adaptés.
Pour l’instant nous avons fait 9 mois de travaux ainsi qu’un déménagement mais nous ne sommes pas encore tout à fait intégrés, faute de temps. Ce sont des bénévoles de chez nous qui se sont occupés des travaux. On les faisait pendant les vacances scolaires, quand ils avaient un peu de temps… On n’a donc pas encore vraiment eu le temps de s’intégrer, mais on compte bien le faire !
Combien de membres et de moniteurs comptez-vous au sein de votre association ?
Vous me posez une colle ! (Rires.) Je sais qu’on est à peu près 90, mais combien de moniteurs… (Elle réfléchit.) On a 25 moniteurs, le reste étant des plongeurs.
Avez vous des projets ?
Nous ce qu’on a envie, c’est de faire découvrir notre association aux habitants d’Holtzheim. On a déjà fait trois séances de baptêmes gratuits, pour leur faire découvrir car souvent ils ont un peu peur, ils se posent des questions sur la plongée, ils se demandent si c’est dangereux… surtout qu’il y a eu deux accidents mortels à la Gravière. Les habitants se réfèrent donc à ça. Mais nous, on sait ce qui s’est passé. Déjà, on a plus de 25 000 plongées par an à la Gravière du Fort. C’est plus que certaines bases fédérales de bord de mer ! Et les deux accidents mortels qu’on a eu en dix ans, ce ne sont pas des personnes issues de l’école de plongée française. C’étaient des profils que nous n’aurons jamais ici. On comprend le traumatisme que cela peut causer, mais notre but c’est aussi de montrer que si tout est bien organisé et que si tout est fait dans les règles au niveau de la sécurité, la plongée ne présente aucun danger, pas plus que le foot ou le tennis ! C’est un des projets que j’aimerais mettre en place : faire découvrir notre passion. Et il n’y a pas que la plongée avec bouteilles. Comme j’ai dit, il y a l’apnée, la nage avec palmes, on fait même du hockey subaquatique ! C’est comme le hockey classique, avec des crosses et un palais, mais sous l’eau !
Tout ce que je souhaite, c’est que cela fonctionne pour que nos membres en profitent et se sentent bien.
Y a-t-il un âge minimum pour pratiquer la plongée chez vous ?
Pour la plongée, c’est 8 ans. C’est une règle fédérale. En revanche, ils peuvent faire de l’apnée ou de la nage avec palmes. Néanmoins, dans notre club nous ne prenons les enfants qu’à partir de 12 ans si les parents sont là afin notamment de les accompagner en voiture et de les aider à s’habiller s’ils ont des problèmes.
Quel est votre plus beau souvenir depuis toutes ces années ?
J’étais avec mon mari qui est également plongeur, webmaster et secrétaire du club. On était à une sortie avec le club à Marsa Alam en Egypte. Nous étions en train de plonger tous les deux dans une palanquée. Nous avons croisé un couple qui était également en palanquée et qui nous a fait signe qu’il y avait une tortue un peu plus loin. On décide donc d’aller la voir, mais elle était malheureusement partie. Comme on était en fin de plongée et que la bouteille d’air commençait à diminuer, nous avons décidé de rentrer. Je lui ai dit « C’est par là ! », et lui me répond « Non c’est par là! ». Même sous l’eau on se dispute ! (Rires.) On était donc en train de se prendre la tête sous l’eau, le tout avec des bulles et des gestes et d’un seul coup, des dauphins sont venus tout autour de nous. Ils étaient une quinzaine et tournaient autour du nous, passaient entre mon mari et moi, s’en allaient, revenaient… Ça a duré peut-être trois ou quatre minutes, pas plus, et d’un seul coup ils étaient partis. La sensation que j’ai eu, c’est que d’habitude, c’est nous qui allons voir les animaux sous-marins, qui allons les espionner dans leur milieu naturel, et là c’était l’inverse !
C’était un moment magique. J’ai revu plein de fois des dauphins en plongée, souvent en apnée car c’est très rare en bouteille de les voir. On les entend, ils suivent les bateaux, mais les voir sous l’eau en bouteille, c’est assez peu commun car on fait trop de bruit notamment avec les bulles et le fait qu’on soit beaucoup. En quinze ans de plongée, les seules fois où je les ai revus, c’était en palme masque et tuba, dans des lagons en pleine journée.
Je ne les ai plus jamais revus en bouteille…
J’ai aussi vu d’autres animaux : des requins baleines, des raies mantas, des choses peut-être même plus belles que les dauphins, mais ce moment-là était inoubliable…
Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite à se lancer dans la plongée pour le convaincre ?
Déjà, il ne faut pas avoir peur. C’est tout à fait normal d’avoir une appréhension car on n’est pas des poissons. On ne sait pas respirer sous l’eau, on nous met un truc dans la bouche et on nous dit “Tu ne vas respirer qu’avec la bouche” alors qu’on utilise beaucoup plus le nez que la bouche dans la respiration… Tout ça, c’est des choses qui sont vraiment anxiogènes, qui vont nous faire peur jusqu’à ce qu’on aille dans l’eau mais qui une fois sous l’eau vont s’estomper très rapidement car le monde sous-marin est tellement silencieux, magnifique… Être sous l’eau c’est un peu comme être dans l’espace: on ne ressent plus le poids de notre corps. Il faut vraiment venir le découvrir. C’est accessible à tout le monde, il n’y a pas besoin de savoir nager, ni d’avoir une condition physique particulière. J’ai des gens dans mon club qui ont 86 ans et qui continuent à plonger ! Il y en a même un qui n’a plus qu’un seul poumon et qui fait trois minutes d’apnée ! La plongée, ce n’est pas comme de la course de fond: il faut juste être bien dans sa peau et faire confiance à la personne avec qui l’on est.
Chez nous, quand on fait un baptême, on prend le temps de le faire. Normalement quand vous faîtes un baptême, vous allez sur la côte et ça dure un quart d’heure. Nous on prend deux heures pour le faire. Et sur les deux heures, on est 30 minutes dans l’eau car avant il y a toute la préparation et la mise en condition pour que les gens se sentent à l’aise. On fait souvent de la surface au départ et une fois qu’ils se sentent à l’aise, on descend sans qu’ils ne s’en rendent compte !
Il ne faut pas hésiter, même s’il y a beaucoup d’appréhension, ce que je peux comprendre. Je dis toujours que la plongée c’est un sport de fainéant. Une fois sous l’eau, on n’a plus rien à faire, à part battre des pieds de temps en temps pour se stabiliser. Il n’y aucune difficulté. Il faut essayer et se lancer au moins une fois. J’ai déjà fait plusieurs baptêmes avec des personnes très angoissées au départ, et maintenant ce sont des gens passionnés qui viennent plonger toutes les semaines.
Un dernier mot à rajouter ? Un message à faire passer ?
On prône beaucoup le respect de l’environnement parce que toutes les belles choses que l’on voit maintenant, j’aimerais que mes enfants, mes petits enfants et les générations futures puissent les voir à leur tour. Et avec tout ce qui se passe actuellement, que ce soit ici ou en mer avec le plastique… On essaye de faire attention à tout cela au sein du club, en ayant un comportement responsable. Donc si j’avais un message à faire passer, ce serait de respecter l’environnement afin que l’on puisse encore en profiter pendant longtemps.