La construction
La première église, dont la naissance remontrait au moyen-âge, était bâtie sur la rive gauche de la Bruche alors que les habitants vivaient sur la rive droite. Elle était entourée d’un fossé rempli d’eau. Devenue insalubre et dangereuse elle fut interdite au culte en 1778 en raison de sa vétusté. Il fut alors décidé d’en ériger une autre.
Entre 1780 et 1784, l’église et le cimetière sont transférés rive droite à l’emplacement de l’église actuelle. Ce nouvel édifice s’avéra très vite trop petit et, après moins de 100 ans d’existence, on débuta en 1866 la construction de l’église que l’on connaît aujourd’hui.
La commune était pauvre et tous les habitants furent mobilisés grâce à la volonté de l’énergique curé FRIEDRICH. Tout le monde travaillât à l’édification de cette église, hommes, femmes et enfants. Les jeunes de la paroisse se faisaient un honneur d’avoir rapporté 400 m3 de gravier et de sable. Une saine rivalité s’était installée entre les jeunes chacun voulant à chaque fois faire mieux que l’autre.Tous les matériaux nécessaires au chantier furent transportés gratuitement.La main d’œuvre fournie par ces bénévoles, si elle devait être chiffrée, s’élèverait à 15000 francs de l’époque. La date d’achèvement des travaux indiquée sur le fronton de l’église est 1868 mais certaines factures montrent que les travaux de finition se sont poursuivis jusqu’en 1870.
C’est pour rendre hommage à tous nos aïeux qui ont participé à cette construction, et pour ne pas oublier ce qu’ils ont réalisé que nous leur dédions cet inventaire de l’église Saint Laurent de HOLTZHEIM.
La délibération du conseil de fabrique qui fut le point de départ de la construction de la troisième église de notre village:
LISTE DE SOUSCRIPTIONS AYANT POUR OBJET L’AGRANDISSEMENT DE L’EGLISE
Premier mars 1865
Charges, clauses et conditions à remplir par les souscripteurs
Dans sa séance ordinaire du premier dimanche du mois de janvier 1865, le conseil de fabrique dûment convoqué sur une proposition ayant pour objet l’agrandissement de l’église paroissiale, à lui soumise par le bureau des Marguilliers a, après délibération, autorisé le curé d’ouvrir dans la commune une liste de souscriptions volontaires et a stipulé et arrêté les charges, clauses et conditions à remplir pour les souscripteurs.
Ces charges, clauses et conditions sont :
1er le souscripteur s’engagera pour lui et ses héritiers, en signant une promesse sur papier timbré.
2ème la somme pour laquelle il aura souscrit sera par lui versée en six annuités égales et sans intérêt, à la caisse de la fabrique de l’église
3ème les versements s’effectueront le onze novembre de chaque année à commencer par l’année courante, pour être ainsi continués jusqu’à l’année 1870 inclusivement.
4ème le signataire s’engagera, en outre, à faire une prestation en nature, telle qu’elle se trouve définie et stipulé ci-après
a) ceux des signataires qui sont en possession de quatre, trois et deux chevaux, s’engageront à transporter gratuitement, soit d’une carrière, soit d’une autre place, qui leur sera désignée, quatre mètres cube de moellons ou feront une voiture de pierres de taille ou de bois de construction par cheval
b) ceux des signataires qui n’ont qu’un cheval ainsi que ceux qui sont en possession d’un attelage d’une ou deux vaches, s’engageront à faire à leur frais huit voitures chacun, soit pour transporter des briques, des tuiles, de la chaux, du gravier, du sable ou d’autres menus matériaux et engins de construction.
c) les signataires qui sont charpentiers, maçons ou menuisiers s’engageront à fournir soit par eux-mêmes, soit par un autre ouvrier à leurs frais cinq journées de travail.
d) les journaliers et autres personnes signataires qui n’ont ni bêtes de charge ni métier qu’ils pourraient mettre à la disposition de la fabrique, s’engageront à faire soit par eux, soit par d’autres, à leurs frais, six journées de main-d’œuvre
e) tous les signataires s’engageront à faire leurs prestations de quelle nature qu’elles soient, aussitôt qu’ils en seront requis par le président de la fabrique ou par le curé.
f) le changement de domicile d’un signataire n’invalidera pas l’obligation contractée par l’engagement pour ce qui concerne les paiements.
g) le trésorier de la fabrique fera les poursuites nécessaires contre ceux des signataires qui refuseraient de tenir leur engagement.
h) toutes ces charges, clauses et conditions lues et interprétées en langue allemande à chaque signataire avant qu’il signe la promesse ou l’engagement
Fait et arrêté au presbytère de Holtzheim, le premier janvier dix huit cent soixante cinq.
Pour extrait Le curé Friederich
Le curé Friederich, curé de la paroisse, devient le « métronome » de ce projet de construction et va réussir à collecter 250 promesses de dons.
Délibération du conseil municipal:
Dans une délibération du 18 janvier 1866, le conseil municipal s’était déjà prononcé pour le «1er Elever l’église sur l’emplacement dont quelques particuliers ont récemment fait donation à la fabrique. Cet emplacement serait agrandi au moyen d’une parcelle d’environ 3 ares à prendre sur le cimetière contigu
2ème Pourvoir à la dépense au moyen de souscriptions des habitants, souscriptions qui atteignent déjà le chiffre de 46 243 frs.
3ème ajourner provisoirement la construction du clocher, si les fonds recueillis ne suffisent pas pour achever l’entreprise. 4ème Ne démolir l’ancienne église que lorsque la nouvelle église aura pu être ouverte au culte.»
Plan du bâtiment
Financement
250 signataires vont s’engager pour une somme totale de 27 651 frs, qui ajoutée à d’autres ressources de revenus, fera un total de 46 243 frs.
Promesse de financement.
« Je soussigné(e)………………….., m’engage par la présente à payer à la fabrique paroissiale dudit lieu, pour l’agrandissement de l’église,……….francs, en six termes annuels et égaux dont le 1er échera le 11 novembre 1865 et le dernier à la même époque 1870, et à faire à mes frais tous les transports de matériaux (ou autant de journées de main d’œuvre) qu’ils s’en trouvent mentionnés dans le cahier des charges ci-annexé.
Fait et signé à Holtzheim le 1er mars 1865. »
Autorisations des autorités civiles et religieuses:
Le projet de construction de cet édifice, par une volonté du conseil de fabrique, devant se faire par voie d’économie et au moyen de souscriptions, dut obtenir l’accord du Préfet et le l’Evêque. Ce qui fut fait en novembre 1866.
Monsieur le Curé,
« Le conseil municipal de votre commune ayant demandé à M. le Préfet l’autorisation de construire l’église par voie d’économie et M. le Préfet ayant par la lettre du 10 novembre 1866 accordé cette autorisation pour ce qui le concerne, à condition toutefois que M. l’Evêque y donne son consentement et autorise le conseil de fabrique à faire la construction projetée.
Monseigneur donne par les présentes son autorisation pourvu toutefois que l’architecte qui a fait les plans, surveille l’exécution du dit projet ».
Strasbourg le 16 novembre 1866
Monseigneur Raess
Convention de construction:
Le financement en place et les autorisations reçues les travaux peuvent commencer. Toute la population s’investit pour apporter sa contribution. Mais les bénévoles ne suffisent pas et des maçons du village sont engagés. Une convention est signée entre eux et le curé Friederich.
« Les soussignés, Bottemer Philippe, Meyer Antoine, Heitz Philippe, Haberbusch Laurent, Bottemer Xavier, Heitz Jacques, Bottemer Jacques et Heitz Aloïse tous maçons de profession, domiciliés à Holtzheim, d’une part, et Friederich J. Michel, curé de la dite commune, d’autre part, ce dernier agissant au nom du conseil de fabrique, ont fait les conventions suivantes :
Les sieurs Bottemer, etc, ci dessus nommés, s’engagent et s’obligent à travailler à la construction de l’église, y compris la tour, le chœur et les sacristies, à commencer aux fondations jusqu’à l’achèvement du dit bâtiment aux conditions et aux prix ci-après désignés :
Le mètre cube de béton fait et non posé, à un franc cinquante centimes, et le béton conduit, posé et pilonné dans les tranchées à deux francs le mètre cube.
La maçonnerie des murs de fondations en moellons de roche jusque sous le socle, à un franc cinquante centimes le mètre cube.
La maçonnerie des murs en élévation en moellons de roche, y compris la pose des pierres de taille, des moellons piqués du socle, des contreforts, des angles et pilastres extérieurs de la nef, de la tour et du chœur, la façon des pilastres intérieurs, des embrasures et cintres de décharges des portes et fenêtres en moellons ordinaires de roche, à partir des fondations jusqu’à la hauteur des appuis de fenêtre de la nef à raison de un franc soixante quinze centimes le mètre cube pour tout le reste de la hauteur à deux francs le mètre cube.
La maçonnerie de la tour à partir des fondations jusqu’à la hauteur de la nef sera faite au prix de un franc soixante et quinze centimes le mètre cube.
Les baies des portes et fenêtres ne seront pas déduites, elles seront compensées pour la taille des embrasures.
M Friederich fournira le matériel nécessaire pour la construction des échafaudages, qui seront faites à la journée par les maçons et à leur propre responsabilité pour tout accident qui pourrait arriver pendant la construction, il leur paiera la journée quand ils seront arrêtés dans leur travail à défaut ou manque des matériaux nécessaires. Le paiement aura lieu, d’après le métré de leur ouvrage, tous les quinze jours.
Le sus-dit travail devra être fait par les maçons dans les conditions qu’exigent la solidité, la sûreté et la régularité de la construction et tout travail mal ou irrégulièrement fait ou fait sans ordre restera à leur charge et ne leur sera pas payé ».